ARCHITECTURE

UNE EGLISE ROMANE D’EST EN OUEST (Planche E)

 

Une église romane a en principe la forme d’une croix dite croix latine (1), orientée est/ouest, dans laquelle on reconnait l’abside (A), le transept (T) et la nef (N). Il peut y avoir des variantes, dûes à des vicissitudes historiques, ou à des problèmes financiers, ou à une configuration particulière du terrain :

  • L’abside, normalement en hémicycle (1) peut être carrée (à fond plat) (4) ou à une travée droite (5) ;
  • Le transept peut être saillant (1), ou peu saillant (2) ou ne pas exister du tout (3) ou encore être un faux transept (4) ;
  • La nef est plus ou moins longue, plus ou moins large ; on y entre par un porche et un portail (p) sur la façade W ou sur le flanc S, rarement sur le flanc N.

 

L’ABSIDE (Planche A)

 

L’abside est contenue dans le chevet, qui en est l’aspect extérieur. Le chevet peut être hémicirculaire (1) ou polygonal, le plus souvent alors pentagonal (2) ; il est épaulé par des contreforts (c), ou des colonnes-contreforts (cc) quelquefois ornées de chapiteaux.

L’abside peut être en hémicycle (1,2), même dans un chevet pentagonal, ou elle-même polygonale (3), ou à fond plat (dans un chevet plat) (Planche E) .C’est là que se trouvent le chœur et l’autel où le prêtre officie.

Les baies (ou fenêtres, ou ouvertures) sont en plein cintre (E6), droites (5) ou plus ou moins évasées (à ébrasement) (6), nues (7) ou encadrées par des colonnes ou colonnettes (8), des colonnes sur bahut (9) ou en avant-corps (10), colonnes et colonnettes presque toujours coiffées de chapiteaux. (Planche O)

L’abside peut être entourée d’une ou plusieurs absidioles (ou petites absides) dites chapelles rayonnantes (11), la chapelle axiale pouvant être carrée (12). Elles sont en principe séparées par un massif de maçonnerie, nu ou à arcades, mais peuvent être accolées (13).

L’abside triconque, ou tréflée, comporte deux absidioles s’appuyant sur l’abside principale (14), avec ou sans communication avec elle.

L’abside peut comporter un déambulatoire (15), sorte de couloir pour le passage des pèlerins autour du chœur, délimité par le mur extérieur (et ses chapelles rayonnantes) et par une suite de piliers ou de colonnes liés par des arcades, l’ensemble étant l’objet de la plus grande attention des artistes sculpteurs.

La voute de l’abside est en cul de four (quart de sphère), ou en cul de four en amande s’il est légèrement en pointe.

LE TRANSEPT (Planche T)

C’est la partie transversale de l’édifice, qu’elle traverse pour former la croix latine (Planche E-1,2,5)

Le quadrilatère formant intersection entre l’axe longitudinal et l’axe transversal de l’église est la croisée, carrée ou oblongue (1,2).

Les parties saillantes, par rapport à l’axe longitudinal, sont les croisillons, ou les bras du transept (1,2b).

Quelle que soit la forme de la croisée, elle est en principe couverte par une coupole (demi-sphère)(3C), qui peut être ovoïde ou à pans. Pour passer du plan carré ou rectangulaire à la forme ronde ou ovale, on bâtit des trompes (t) ou des pendentifs (p). Quand il n’y a pas de transept (Planche E-3) , la voute de la nef se continue jusqu’au chœur ; s’il s’agit d’un faux transept (Planche E-4), la croisée est sous voute transversale.

Les bras du transept comportent souvent une absidiole sur leur flanc E dite chapelle orientée (5) : en hémicycle ou à fond plat, avec ou sans baie, avec ou sans colonnes ou colonnettes, en principe voutée en cul de four.

Les chapelles orientées peuvent être assez profondes pour permettre un passage direct vers le choeur encore appelé passage berrichon (6).

Les croisillons sont en principe voutés transversalement.

Les pignons S et N des croisillons sont soit bâtis en murs nus, quelquefois avec une baie (ou, plus tardivement, un oculus), soit ornés d’arcatures aveugles, en plein cintre ou en mitre. C’est vrai à l’intérieur comme à l’extérieur, pas nécessairement de façon symétrique, et avec des effets d’ornementation différents.

LA NEF (planche N) 

La nef (ou vaisseau) est la partie rectangulaire de l’édifice destinée à recevoir les fidèles qui assistent aux offices.

La nef peut être unique (1) ou être flanquée de bas-côtés (2, bc), en principe du côté N comme du côté S, dont le but, outre d’agrandir la capacité de l’église, était de contrebuter la voute du berceau central. Les bas-côtés sont voutés moins hauts que la nef principale ; s’ils sont aussi hauts qu’elle, ou presque, on les appelle collatéraux. Il peut exceptionnellement arriver qu’il y ait 2 bas-côtés au N comme au S.

La nef est voutée en berceau (arc de demi-cercle), qui tendra à devenir un berceau brisé ou légèrement brisé (deux arcs de cercle formant une ligne visible à leur intersection au sommet de la voute). Les bas-côtés sont voutés soit en berceau, soit en demi-berceau (quart de cercle), ou bien ils sont voutés d’arêtes. La nef (et les bas-côtés) est divisée en travées (t), de deux à six. On compte toujours les travées à partir de la façade W, même si celle qu'on appelle aujourd'hui la première (après le porche ou le narthex), a été la dernière construite.

Les travées sont marquées par les arcs doubleaux, qui scandent la voute et la rigidifient. Lorsque la voute est en berceau lisse, il n’y a pas de doubleaux.

Les travées sont aussi marquées par les grandes arcades (2), qui sont des ouvertures entre les colonnes ou piliers vers les bas-côtés. Il peut y avoir de telles arcades dans les murs gouttereaux (murs extérieurs de l’église) (g) qu’elles contribuent alors à rigidifier (arcades de décharge, ou de renforcement).

Les arcs (arcs doubleaux, arcs diaphragmes qui séparent la nef ou les bas-côtés de la croisée, arc triomphal, à l’entrée du chœur) reposent presque toujours sur des colonnes, piliers ou pilastres, presque toujours ornés de chapiteaux. (Planche O)

La première travée de la nef, si elle est plus courte que les autres et comporte une tribune, est le narthex (3nx) ou vestibule, passage obligé des catéchumènes avant de pénétrer dans le sanctuaire proprement dit.

La nef unique ou les bas-côtés peuvent être flanqués de chapelles latérales (4) (en général postérieures, XVe/XVIe), qui quelquefois forment transept.

L’entrée dans la nef se fait par un porche et un portail (p) ouverts soit dans la façade W (Planche E-2,3,4,p) soit dans le flanc S (Planche E-1,5) , rarement du côté N.

Le porche est percé dans le mur (5), ou en avant-corps (6) ; il peut être protégé par un auvent appelé le plus souvent caquetoire (7).

Le porche est encadré par un arc en plein cintre, nu ou à voussures, reposant sur les piedroits, ou sur des colonnes ou colonnettes, avec ou sans chapiteaux. Il peut y avoir un linteau, droit ou en bâtière (triangulaire), et un tympan, les deux pouvant être nus ou ouvragés. Le porche peut être séparé en deux parties par un pilier vertical, le trumeau.

LE CLOCHER

Autant d’églises, autant de clochers !

Le plus typique est le clocher octogonal. Il peut être sur base carrée ou octogonale, à un ou deux étages, aveugles ou à baies, elles-mêmes aveugles ou à vue, cantonnées de colonnes ou non.

Il peut être au-dessus de l’arc triomphal, au-dessus du mur de façade, de la coupole, de la travée droite de l’abside ou d’une chapelle latérale.

Presque tous ont été rasés ou étêtés à la Révolution, reconstruits plus tard, à l’identique ou non, à la même place ou non.

Laissez-vous guider par nos pages et par votre esprit de découverte !

600 Eglises romanes en Auvergne (Pierre Chrétien): Coordonnées